Chaque être humain dans sa vie est confronté à un lot d’épreuves, de douleurs et de souffrances. Certains pensent que l’on ne reçoit que ce que l’on est capable d’endurer, alors que d’autres vont trouver injuste la répartition de ces évènements difficiles.
Néanmoins, il est clair que tout le monde à ses limites, même si celles-ci sont différentes chez chacun d’entre nous. En effet, le corps -et notamment, le cerveau,- ne peuvent pas toujours tout supporter. Pour se protéger, le psychisme met, inconsciemment, en place des mécanismes de défense. Ces processus sont nombreux et permettent de surmonter les moments difficiles. Or, chaque personne est différente. Le cerveau va donc utiliser ces mécanismes de défense en fonction de ce qui engendre le moins de dégâts possibles chez son propriétaire. Pour ce faire, il va se baser sur ses connaissances et ses expériences. Il aura donc plutôt tendance à répéter ce qui a déjà fonctionné auparavant.
Pour le cerveau, l’objectif est de reconstruire l’identité pour continuer à fonctionner normalement en société. Ce concept s’appelle, en psychologie, la résilience. Ce terme définit la capacité d’une personne à résister à un traumatisme en surmontant la souffrance que celui-ci a pu causer pour continuer sa vie de la manière la plus normale possible. Le concept de mécanisme de défense a été élaboré par Freud, puis étudié par de nombreux auteurs. Le psychisme des personnes touchées par des troubles de la santé mentale met en place de nombreux mécanismes de défense. En effet, ces derniers leur permettent de garder un lien avec la réalité extérieure. Le symptôme est un compromis entre le désir inconscient de l’appareil psychique et les exigences de l’environnement.
Ainsi, les symptômes que présente une personne souffrant du syndrome de Diogène sont un moyen pour son psychisme de s’ancrer dans la réalité. Il lui est nécessaire de mettre en place des stratégies pour lutter contre la souffrance. On peut donc émettre des hypothèses à propos de l’intérêt de celles-ci pour le psychisme.
Nous allons donc aborder les rapports particuliers aux objets et au corps, les liens sociaux compliqués et l’absence de demande d’aide. Tout d’abord, on peut se demander si l’importance du lien aux objets n’est pas engendrée par une certaine peur du manque ou de l’abandon. Est-ce que ces personnes gardent et accumulent pour avoir, dans une certaine mesure, l’impression de posséder des biens ou d’être entourées ? Ce symptôme pourrait permettre un certain ancrage puisqu’il lie la personne à l’environnement extérieur. La réalité du lieu de vie étant omniprésente, cela pourrait créer l’impression chez la personne d’un lien à la réalité. Il est également possible de mettre en évidence une relation entre le rapport aux objets et le rapport au corps. En effet, on peut se questionner sur l’estime et l’amour de soi chez les personnes touchées par le syndrome de Diogène. Lorsque l’on pense ne pas mériter un mode de vie sain, il est possible que l’on ne prenne pas soin de soi et de son habitat. Ce mécanisme prend sens dans le psychisme puisque ces personnes ont l’impression de ne pas être assez biens pour avoir le droit à cela. On peut se demander s’il est difficile d’établir des liens avec d’autres personnes pour cette même raison. Ainsi, les symptômes seraient liés entre eux et auraient des objectifs similaires. Ici, ils sont un moyen de confirmer une croyance négative sur soi qui était déjà intégrée. Or, il est nécessaire pour le psychisme de confirmer des idées déjà ancrées puisque cela lui permet de se rassurer et de se sentir en sécurité. Suite à ces hypothèses, on peut donc penser que demander de l’aide est trop compliqué pour ces personnes puisque cela pourrait engendrer beaucoup de questionnements. Il est possible qu’elles aient honte de leur mode de vie. Elles pourraient également avoir peur du jugement ou que l’on ne les comprenne pas. Parfois, elles ne se comprennent pas elles-mêmes, ce qui crée des angoisses difficiles à calmer. De plus, ces personnes peuvent avoir l’impression qu’elles ne sortiront jamais de leur douleur puisqu’elles y sont depuis si longtemps. Ainsi, ce symptôme est un moyen pour elles de se protéger d’un potentiel danger et donc d’une possible souffrance.
Il est important de noter que ces symptômes paraissent être la seule solution pour ces personnes souffrant du syndrome de Diogène. Faire face à la souffrance semble plus difficile et plus douloureux, pour leur psychisme, que de continuer à mettre en place ces symptômes
Pour conclure, l’apparition des symptômes donne à voir une souffrance psychique. Dans le cas du syndrome de Diogène, ces derniers sont particulièrement intenses et présents dans la vie de ceux qui en souffrent. Cela témoigne d’une réelle douleur qui nécessite un accompagnement adapté et sur la durée. Grâce à cette prise en charge, les personnes touchées pourront se sentir mieux et donc mettre en place moins de mécanismes de défense et présenter moins de symptômes. Ainsi, leur vie sera plus agréable puisque leur psychisme n’aura plus besoin de se protéger autant.